Éditeur du mois : SuReal

 

Comment aller au-delà de l’aspect « carbone » et intégrer les problématiques liées à la circularité dans les projets de construction ?

 

L’analyse du cycle de vie, un outil pour estimer l’impact carbone des bâtiments

L’analyse du cycle de vie (ACV) est un outil qui permet d’évaluer l’impact environnemental d’un bâtiment. Chez SuReal, nous utilisons l’ACV afin d’orienter les équipes de conception vers des choix bien fondés en termes de conception et de matériaux.

L’ACV permet de calculer un certain nombre d’indicateurs environnementaux. On peut citer par exemple l’acidification des océans, l’eutrophication des sols, ou bien sur le réchauffement climatique, communément désigné sous le nom « d’impact carbone ».

Des objectifs de réduction carbone, on en voit fleurir partout ; autant dans les plans de durabilité des grandes entreprises qu’à l’échelle de l’individu. Pour un projet de construction, des objectifs de réduction d’impact carbone sont fixés avec le promoteur dès les premiers stades de développement. L’impact carbone est pris en compte dans les différents systèmes de certification – BREEAM, WELL, DGNB, etc. – et commence à l’être dans diverses réglementations tels que la RE2020 (i.e. réglementation environnementale française). Cela permet alors de fixer des objectifs de réduction carbone bien précis. Dès lors, il est bien aisé de communiquer sur le sujet avec le client et d’établir des ambitions carbone à respecter.

C’est le fait que l’on soit capable de quantifier de manière objective l’impact d’un bâtiment sur le réchauffement climatique qui permet d’établir des objectifs clairs avec nos clients.

La réduction carbone n’est cependant pas le seul levier pour diminuer notre impact sur l’environnement. Bien d’autres thématiques liées à l’économie circulaire sont trop souvent mises de côté.

Au-delà de l’aspect carbone, les autres thématiques de l’impact environnemental

Chez SuReal, la démarche que nous prônons quant à l’utilisation des matériaux pour chaque projet est résumée dans le graphique ci-dessous :

 

Pour tout projet de construction, qu’il s’agisse de nouvelle construction ou de rénovation, les opportunités de mettre en œuvre le moins de matériaux possible sont étudiées en premier lieu en préservant l’existant et en réduisant les quantités de matière nécessaires. Par la suite, les possibilités de réemploi – in-situ et ex-situ – sont exploitées. Quand on en vient aux nouveaux matériaux, les produits contenant des matières recyclées et biosourcées sont favorisés.

La démarche suivie est basée sur les principes de l’économie circulaire qui visent à maintenir les matériaux en circulation le plus longtemps possible à l’intérieur des systèmes

Réemployer les matériaux plutôt que d’en produire des nouveaux est un levier énorme pour réduire l’empreinte environnementale du bâti. En effet, l’impact écologique d’un produit est réparti entre ses phases de production, de construction, d’utilisation et de fin de vie. Réemployer un élément, c’est lui éviter toutes les émissions liées à sa production, qui est de loin l’étape la plus impactante dans le cycle de vie d’un produit.

Finalement, l’utilisation de nouveaux matériaux, pour lesquels a été conçu l’outil ACV, ne devient pertinente qu’après avoir exploité toutes les possibilités de préservation de l’existant et de réemploi, et avoir cultivé au maximum les ressources liées à l’économie circulaire.

Alors, pourquoi entend-on autant parler d’impact carbone et si peu d’économie circulaire ? Pourquoi les systèmes de certifications et les réglementations liés à la construction n’ont-elles pas d’exigences liées au réemploi ?

Contrairement à l’impact carbone, le potentiel de circularité d’un produit est difficilement quantifiable et objectivable. Dès lors, il devient compliqué de communiquer sur le sujet avec les promoteurs et autres acteurs de la construction, et donc de définir des objectifs clairs liés à la circularité. Et sans ambitions précises, le sujet perd de son importance aux yeux des clients et ne fait plus partie des objectifs de conception.

La promotion des principes de l’économie circulaire au sein des projets de construction semble donc devoir passer par le développement d’indicateurs objectifs et précis.

Comment quantifier la circularité ?

Dès lors, SuReal s’est intéressé à la meilleure manière de quantifier le potentiel de circularité dans la construction.

SuReal objectivise le potentiel de circularité des produits de construction en se basant sur l’indice de circularité développé aux Pays-Bas par la Dutch Green Building Council Foundation (DGBC), une organisation sociale nationale engagée à rendre l’environnement bâti à l’épreuve du futur.

L’indice de circularité utilis chez SuReal permet de prendre en compte non seulement l’origine du produit (contenu recyclé, réutilisé et biosourcé), mais également sa fin de vie (matière recyclée ou réutilisée) et son potentiel de détachabilité. Un produit facilement démontable sera en effet facile à entretenir, remplacer, démonter et réutiliser en fin de vie du bâtiment.

Le contenu issu du recyclage, du réemploi ou de matière biosourcée est quantifié via un simple pourcentage. Il en va de même avec la matière recyclée ou réutilisée en fin de vie.

Le potentiel de détachabilité est, quant à lui, plus compliqué à quantifier. L’indice de détachabilité prend en compte plusieurs facteurs et est calculé sur la base des réponses aux questions portant sur les thématiques suivantes :

  • Le type de connexion : comment l’élément est-il connecté au bâti ?
  • L’accessibilité à l’élément : est-il facile d’atteindre l’élément ?
  • Les intersections : des connexions annexes sont-elles en intersection avec l’élément ?
  • Les bordures : comment les différentes cellules de l’élément sont-elles fixées entre elles ?

Les réponses données à ces questions permettent d’obtenir un score de détachabilité, qui, couplé avec les autres indicateurs, fourni l’indice de circularité d’un produit de construction (par exemple : système de murs-rideaux, faux-planchers, briques, etc.).

Cet indice de circularité permet de venir compléter les résultats carbone lors de la comparaison de matériaux sur un projet de construction et de faire les choix les plus éclairés, informés et cohérents possibles en terme d’impact écologique.

Dès lors, il est possible de discuter avec nos clients des solutions les plus durables en ayant sous la main des données chiffrées objectives permettant de caractériser les produits de construction.

Et après?

Cet indice de circularité n’est qu’un outil pour promouvoir les produits les plus durables possibles en prenant en compte les différents aspects de la circularité.

L’introduction d’indicateurs de ce type dans les réglementations ou référentiels de certifications permettrait d’inciter à l’utilisation de produits recyclés et issus du réemploi. A court terme, cela aurait pour effet de favoriser le développement des filières de recyclage et de réemploi de matériaux. Sur le plus long terme, cela encouragerait les fabricants à repenser la conception de leurs produits : les questions portant sur la démontabilité, la modularité ou encore la maintenance seraient alors abordées dès les premières phases de design.

 

 

Édito rédigé par SuReal