Forum pour les inventaires réemploi et démolition

Un inventaire numérique pour une démolition plus circulaire

Le Forum pour les inventaires réemploi et démolition s’est tenu le 24 novembre dernier à Bruxelles, sur le site de Greenbizz. Un évènement organisé par Buildwise, le nouveau CSTC, dans le cadre du projet Digital Deconstruction. Au programme, pas de présentations interminables, mais de nombreuses occasions pour réseauter et découvrir des outils. C’est cela qui stimule le monde de la démolition circulaire : la rencontre de partenaires qui partagent l’ambition de redonner une seconde vie aux matériaux.

La démolition circulaire est une question de priorités. En effet, si l’on entend adopter une position plus durable en matière de bâtiments, il convient avant tout d’éviter de démolir et de privilégier la rénovation lorsque c’est possible. L’identification des éléments réemployables et des matériaux pouvant faire l’objet d’un recyclage de haute qualité n’intervient que dans un second temps. Le début de chaque processus de démolition circulaire consiste donc à établir un inventaire de tout ce qui, dans l’ouvrage à démolir, présente de la valeur. Le principal intérêt de l’inventaire, synthétise Éléonore de Roissart, de Buildwise, est qu’il « aide à prendre des décisions fondées, afin de mieux démolir ». « Aujourd’hui, de nombreuses solutions numériques visant à renforcer l’efficacité de tels inventaires existent déjà ou sont en cours de développements. »

 

Devenir soi-même producteur de matières premières

Le forum a également permis au public présent de se familiariser avec de nombreux services et outils numériques. Au total, neuf entreprises étaient présentes : B²ASC, BatiRIM, Circonflexe, Cirdax, Diag it /Cycle up, Inspectr, LIST (qui a présenté la plate-forme Digital Deconstruction), ROTOR et Skop. « Les inventaires de réemploi ne sont pas encore la norme sur le marché actuel, mais nous arrivons à un tournant », observe Steven Meersman, du bureau d’étude B²ASC. « On observe par exemple que les développeurs de projets bruxellois reçoivent de plus en plus de demandes de la part de l’administration d’intégrer les inventaires aux cahiers des charges. Nous pensons qu’une obligation suivra, car il s’agit précisément d’un outil nécessaire pour évoluer vers plus de circularité et de durabilité. À cet égard, il n’est pas étonnant que Bruxelles soit un précurseur. En s’engageant sur la voie de la démolition circulaire, la ville peut devenir elle-même productrice de matières premières. »

 

Un investissement de plus en plus intéressant

Il est clair que le thème est bien d’actualité, en témoignent les 80 participants présents. Des architectes aux entreprises de construction et de démolition, des pouvoirs publics aux grandes maîtres d’ouvrage et développeurs privés… Qu’est ce qui les réunit ? La recherche de plus d’informations pour obtenir des résultats concrets. « Le réemploi et le recyclage sont des concepts de plus en plus présents dans les cahiers des charges. Compte tenu des variations de prix des nouveaux matériaux, il est également plus profitable d’investir dans ce domaine. À la demande de clients, nous nous mettons en quête des bons acheteurs pour les matériaux. Ici, nous pouvons déjà nous familiariser avec des outils permettant de le faire plus efficacement dans des projets à venir », expliquent Caro van Lysebeth et Joanathan De Paepe, de l’entreprise de démolition De Meuter.

 

Découvrir de nouveaux outils et partenaires

« Des projets antérieurs ont déjà démontré à quel point la digitalisation facilite le réemploi des matériaux de construction. Moi-même, je ne connaissais encore que ROTOR », témoigne Carole Toledano d’Embuild Bruxelles. « Je découvre aujourd’hui, dans ce forum, que les acteurs proposant des services similaires ou complémentaires sont nombreux. Cette visite vaut donc vraiment la peine. Par ailleurs, la technologie est au point. Il nous appartient maintenant de trouver les applications adéquates pour aider à mettre cela en pratique. » Il n’est pas étonnant que ROTOR soit déjà soit déjà bien connu. Cela fait plus de dix ans, avant que la circularité s’impose dans le secteur, que l’entreprise recherche à établir au mieux des inventaires de réemploi. Lionel Billiet, de ROTOR explique : « Il ne suffit pas de se documenter, il faut également mettre les choses en pratique, par exemple en testant la facilité avec laquelle les matériaux que l’on souhaite réemployés peuvent être démontés et le résultat que cela peut donner. On observe un changement des mentalités. À nos débuts, le scepticisme était fort présent. On nous disait même que ce nous flirtions avec l’illégalité avec nos ambitions de démolition circulaire. Mais aujourd’hui, nous participons véritablement à une culture du réemploi. »

 

Redevenir la norme

Saviez-vous d’ailleurs que le réemploi est un concept intemporel ? Une recherche de la VUB tente de retracer l’histoire du réemploi. « Ce n’est que dans les années 60 et 70, avec l’arrivée de la consommation de masse, que le réemploi est quelque peu tombée dans l’oubli. Avant cela, c’était en réalité une manière assez standard de travailler », indique la chercheuse Ine Wouters. « Avec la hausse des prix de l’énergie, la cuisson de nouvelles briques devient couteuse et le réemploi reprend de la vitesse. C’est une bonne chose, car le réemploi rejoint parfaitement le changement des mentalités. » C’est cet état d’esprit qui a inspiré Jérôme Colette et Lionel Delatte, de Circonflexe, leur donnant l’envie de procéder différemment et mieux. « Ce n’est qu’une fois toutes les données en main que nous pouvons prendre les bonnes décisions. C’est le point de départ de la plate-forme que nous avons conçue. En effet, une simple liste Excel ne suffit pas. Les données doivent être présentes pendant chaque phase, pour permettre à une analyse correcte et pour réunir les partenaires adéquats. »

 

Des outils numériques pour relier les initiatives circulaires

Les nombreuses discussions animées entre les participants et les exposants et entre les participants proprement dits prouvent l’utilité de tels évènements, qui permettent aux gens de se rencontrer. « En fait, ces inventaires de réemploi ont une perspective de matchmaking, de mise en relation. Partout, on observe un intérêt naissant. Le temps est maintenant venu d’associer ces initiatives et, pour chaque matériau, de trouver l’acheteur et le projet adéquats, de manière à créer le plus de valeur possible. Sans numérisation, impossible de répertorier tout cela. Les matériaux doivent également présenter la qualité ad hoc et disposer des certifications nécessaires pour que l’on puisse véritablement leur donner une seconde vie », conclut Maarten Stadhoudens, de Cirdax.

 

Buildwise, le nouveau CSTC, a accueilli le Forum des inventaires réemploi et démolition © Ekkow Photography

 

Éléonore de Roissart (Buildwise) a présenté la mise en pratique du concept de démolition circulaire à Hof Ter Laken, un projet-pilote réalisé dans le cadre du projet Interreg Digital Deconstruction © Ekkow Photography

 

 

Plus de 80 participants sont venus réseauter, apprendre et partager leurs expériences lors du Forum des inventaires de réemploi et démolition le 24 novembre à Greenbizz © Ekkow Photography

 

 

Auteur : BuildWise
Janvier 2023