Le projet FEBEA entre acteurices du réemploi

La Plateforme Réemploi Bruxelles est partie à la rencontre des acteurices du projet FEBEA, premier projet éco-responsable réalisé par Kaleido Interieur pour la fédération Européenne des banques éthiques et alternatives.

Le maitre d’ouvrage a fait appel à Kaleido Interieur pour leur philosophie de travail éco-responsable. En créant ce projet, Kaleido Interieur a décidé de rassembler exclusivement des acteurs du secteur du réemploi. Après des rencontres individuelles avec chacun, ils étaient convaincus que tous y trouveraient leur place.

(De gauche à droite)

  • Matthieu et Timothy de REGGLO ont fabriqués les bureaux en série à partir des panneaux de récupération issus de la déconstruction d’immeubles bruxellois.
  • Stefan de Axilo a aidé à réaliser ce projet en proposant des solutions durables, basées sur l’utilisation raisonnée des ressources et dans la mesure du possible, en utilisant des matériaux locaux et de réemploi pour les questions d’aménagement menuiserie.
  • Nicolas de BatiTerre a fourni les éclairages récupérés d’un ancien magasin Brentano à Bruxelles et la matière première des bureaux fabriqués par REGGLO.
  • Tiffany et Xabier de Kaleido Interieur architectes d’intérieur éco-responsable est à l’initiative de ce projet.
  • Jeremy de Relieve Furniture a trouvé toutes les chaises seconde main de bureau et de réunion.

 

Les acteur/trices du projet FEBEA ©Embuild.brussels

Voici leur retour d’expérience au travers de 3 questions, sur ce chantier qui fut à l’unanimité une expérience pleine d’apprentissage, de respect, de collaboration et d’anecdotes !

 

Quel est le plus grand défi relevé pendant ce chantier ? Quelle est la leçon apprise à ne pas refaire ou justement à systématiser ? On veut des anecdotes !

Relieve Furniture : au moment du chantier on n’avait pas encore de système de livraison donc j’ai dû personnellement tout stocker dans ma cave pendant un mois et demi. Aujourd’hui, Relieve Furniture à un showroom et un système de livraison et c’est la première chose qu’on demande maintenant : étage, ascenseur, taille des couloirs, des portes, … ça n’a pas le même prix et c’est important de le mentionner au client final.

Le plus gros défi, c’est qu’on apprend encore tous de nos premiers chantiers pour que cela devienne plus fluide et professionnel à la fois, même si ça l’est déjà.

Kaleido Interieur : Le côté logistique était un vrai défi. On n’est pas déménageurs et monter 10 chaises au 3e étage, on l’a fait mais on ne le fera plus. Ce sont des choses comme ça qu’il faudra qu’on mette en place.

REGGLO : Tout le côté démontabilité et remontage sur place (par la cage d’escalier), le sport que j’ai fait ce jour-là ! C’est une grosse variable qui peut coûter, si ce n’est pas organisé. Pas trop longtemps après ce chantier d’ailleurs, nous avons eu un autre chantier où le client, a de lui-même proposé de commander un ascenseur et on a été surpris mais c’était une très bonne idée finalement, à systématiser.

BatiTerre : Je pense que le plus gros défi aujourd’hui, c’est de pouvoir montrer l’exemplarité. Montrer que c’est possible d’avoir des résultats esthétiques et qualitatifs en seconde main et que c’est possible d’avoir des hauts pourcentages de réemploi en coordonnant différents acteurs et expertises.

C’est comme ça qu’on va parvenir à inspirer et l’approche de Kaleido Interieur est idéale car ils sont venus nous visiter pour voir comment cela fonctionnait et ils ont très vite tout opérationnalisé et ils sont passé à l’action. La meilleure manière d’apprendre c’est d’expérimenter. En plus, souvent on se rend compte qu’on y arrive mais c’est juste que l’on n’a pas l’habitude.

Axilo : Ce qui m’a le plus surpris personnellement c’était les quantités. J’ai été étonné que tout ce que j’avais accumulé comme matière première au fil des années dans mon atelier n’était finalement pas suffisante !

Ce que j’apprends maintenant, c’est de mettre en place en amont l’approvisionnement des matériaux, avec notamment BatiTerre pour pouvoir mieux anticiper.

 

Comment avez-vous vécu le projet FEBEA ? Qu’est-ce-que vous retenez de ce projet ?

Relieve Furniture : La mise en pratique des nouvelles initiatives ! La force de Kaleido c’est effectivement d’avoir rassemblé plusieurs acteurs qui sont tous un peu en devenir et on apprend tous des expériences autour d’un même projet et le résultat est génial et a le mérite d’exister.

REGGLO : Souvent ce sont des petits postes que l’on effectue sur un chantier. Ce sont rarement des projets globaux comme on a eu là. Il y a eu une confiance très confortable. Kaleido Interieur n’a pas essayé de tout changer ou d’imposer leurs idées. D’ailleurs, c’était déjà les bureaux REGGLO dans leur plans.

Ce que je trouve super bien dans ce cas-ci, c’était les postes compartimentés. On a souvent plus de mal à aller chercher des petits acteurs comme nous pour un bureau. L’échelle du projet était parfaite comme la segmentation des tâches. Chacun a pu faire son boulot, à son échelle et avec ses compétences. Il n’y a plus de compétition.

Kaleido Interieur : Ce projet était idéal pour commencer. On pouvait faire pas mal d’erreurs sans que cela se ressente car la marge de réactivité était grande. Il faut qu’on se mette tous en lien, pour être réactifs les uns avec les autres. Il y a eu une vraie collaboration avec chacun et même jour après jour en échangeant des conseils et des idées, nous avons pu réellement construire le projet ensemble. On a eu de la chance aussi que tout le monde ait le stock qu’il nous fallait en termes de mobilier et matériaux de réemploi.

BatiTerre : Finalement, cela correspond au marché. Il y a des gros acteurs qui souhaitent faire du réemploi qui se rendent compte que les quantités ne suivent pas mais on a besoin de pouvoir écouler notre stock à l’échelle qui correspond à ce dont nous sommes capables.

Ce qu’on propose aux acteurs que l’on accompagne c’est au lieu de vouloir faire en une fois 20000 m² de réemploi (avec des matériaux que personne n’a car c’est instockable), de commencer par une plus petite surface 200² avec 80% de réemploi. C’est une manière de mettre les acteurs en selle, d’expérimenter et voir ce qu’il fonctionne. Ensuite, passer sur 400², puis 600² etc. mais du jour au lendemain, c’est évident que le marché n’est pas prêt, les stocks ne sont pas là et aucun acteur ne peut répondre à ce genre de demande. Des projets comme FEBEA c’est vraiment un super bon tremplin pour faire évoluer tout le marché du secteur.

Axilo : C’est Kaleido Interieur qui a distribué le travail en fonction des compétences chacun et du secteur d’activité plus précisément. On a fait preuve d’une belle adaptabilité car on a dû faire avec ce qu’il y a donc avec des idées fixes ça n’aurait pas fonctionné.

 

Que diriez-vous aux personnes qui sont réticentes au chantier de réemploi ?

REGGLO : Simplement, tester à l’échelle que vous estimez faisable et suffisante. Qu’est-ce que vous avez à perdre ? Mais avec un conseil, anticiper le réemploi dès le début du projet.

Relieve Furniture : On est sur une vague de visibilité mais surtout sur une nécessité de changer les esprits. On ne doit pas spécialement passer du noir au blanc mais avoir un modèle hybride c’est déjà super. Aujourd’hui on ne peut pas dire que les services n’existent pas pour proposer cette circularité. Il faut faire amener le mouvement et il y a beaucoup de pionniers existants.

Kaleido Interieur : L’exemple de ce chantier en est la preuve, faire de l’aménagement de bureau en réemploi c’est tout à fait possible. On peut trouver des alternatives très facilement.

BatiTerre : Commencer avec l’échelle qui vous êtes la plus confortable. Et petit à petit, essayez d’augmenter les quantités et les acteurs.

Axilo : Concevoir de manière réversible et adaptable, car sans ça, on ne sait pas commencer le réemploi. Et rendre le réemploi lui aussi réversible et adaptable pour que la boucle soit bouclée.

 

Le projet FEBEA ©Kaleido Interieur

 

Interview rédigée par : Delhie Morbée

Avril 2023