Les partenaires du projet Interreg FCRBE ont développé de nombreux outils d’aide à la mise en place du réemploi durant ces deux dernières années : un répertoire en ligne, un guide pour réaliser un inventaire, un guide d’aide à prescrire des matériaux au réemploi. Tous ces outils ont été testés et validés à travers 37 opérations pilotes dans 3 pays différents.
Ces projets pilotes sont des chantiers de (dé)construction de tailles et de finalités différentes, mais tous caractérisés par la mise en place de manière plus ou moins importante du réemploi sous l’angle de l’intégration ou de l’extraction de matériaux.
L’extraction : extraire un lot de matériaux d’un site de démolition vers des filières de réutilisation.
L’intégration : intégrer des éléments de réemploi dans un projet de construction ou de réhabilitation dès la phase de conception ou d’appel d’offres.
La Plateforme Réemploi a rencontré un conseiller construction durable de la Confédération Construction Bruxelles-Capitale, actif dans le projet Interreg FCRBE, Quentin Maillard nous parle des projets pilotes qu’il a eu l’occasion de suivre à Bruxelles.
Quels projets as-tu suivis ?
« J’ai pu suivre 3 projets d’envergure importante à Bruxelles même, tous des projets d’extraction de matériaux.
Le premier sur lequel j’ai été impliqué est celui de Petite Ile City/Gate II, un ancien site industriel désaffecté à l’entrée de Bruxelles. La plupart du site sera déconstruit pour laisser place à un nouveau quartier. C’est donc un marché public où les deux maîtres d’ouvrage, la SLRB et citydev.brussels, en collaboration étroite avec les architectes du projet, veulent extraire un maximum de matériaux du projet de déconstruction dans le but de les réintégrer dans le nouveau quartier et de remettre en circulation une partie de ceux-ci.
Le deuxième chantier sur lequel j’exerce mon rôle de facilitateur, est celui de la STIB : Belgrade. Cet ancien atelier de maintenance est aujourd’hui toujours aux mains de la STIB mais c’est un site désaffecté où d’importants travaux de rénovation vont avoir lieu à partir de 2024. D’ici-là, le marché des matériaux de réemploi est en cours. La STIB a pour projet de mettre en location une partie des bâtiments à la commune sur laquelle il se trouve. Il n’y aura pas de réemploi de matériaux in situ, cependant la structure sera maintenue, et les acteurs du projet vont retirer un maximum d’éléments de construction pour les mettre à disposition du réemploi.
Pour finir, j’ai suivi le projet KeyWest, à Anderlecht. Dans ce cas-ci, il s’agit d’un marché privé, tenu par le promoteur immobilier BPI. Le projet de démolition et de réemploi avait déjà été évalué au travers d’un inventaire, réalisé quelque peu avant l’intervention des partenaires FCRBE sur site. Dans ce cas-ci, c’est l’opérateur en réemploi bruxellois Batiterre qui a réalisé l’inventaire en amont, puis par la suite un inventaire suivant la méthode FCRBE a été réalisé par le groupe d’entreprises de construction CFE. Un travail intéressant de comparaison entre les deux inventaires sera réalisé dans les mois à venir. Avec des ambitions plus larges de formation en interne à la méthodologie d’inventaires des équipes de CFE. »
Avec quels partenaires du projet FCRBE as-tu suivi ces projets pilotes ?
« J’ai principalement travaillé avec le CSTC – Centre Scientifique et Technique de la Construction – qui était présent sur les 3 inventaires réalisés. Je travaille également avec les partenaires internes de la Confédération Construction, en collaboration et veille, afin de savoir ce qui se fait dans les autres Régions en Belgique. A côté de ceci, en fonction du projet pilote et de la finalité de celui-ci, différents partenaires sont sollicités : Rotor en cas de demande d’évaluation de potentiel de réemploi de certains matériaux présents sur un projet à Bruxelles (en France, c’est son homologue français Bellastock qui prend ces deux rôles), Rotor et le CSTC ont l’expertise des inventaires réemploi, et Bruxelles Environnement est l’organisation de contact pour ce qui est le projet d’intégration de matériaux dans la Région. Par exemple pour Petite Ile/City Gate II, nous sommes en contact avec Bruxelles Environnement pour la partie intégration du projet. »
Quel a été ton rôle sur ces différents projets ?
« La Confédération Construction Bruxelles-Capitale, donc le rôle que j’incarne sur les projets pilotes est donc un rôle de facilitateur, de coordinateur. Je suis et organise le suivi des différents projets, ce qui implique entre autres, la sollicitation d’acteurs et l’organisation de leur rencontre et de la suite du travail durant des visites. »
Avec quelle(s) partie(s) prenante(s) du projet étais-tu le plus en contact pour travailler sur l’intégration ou l’extraction de matériaux de réemploi ?
« J’ai surtout eu l’occasion de travailler avec les maîtres d’ouvrage. Nous avons constaté que lorsque que nous avions des propositions de projets pilotes avec implication de l’entrepreneur dans les différentes phases d’extraction, les délais du projet étaient toujours très courts. Ce qui ne permettait pas l’intervention du projet FCRBE de manière adéquate. En intégration, il y a déjà plus de possibilités, mais la CCBC travaille sur des projets en extraction, avec le MO et les architectes et en général, avant que le marché ne soit attribué. »
Quels sont les outils qui ont été les plus utilisés et par quelle partie prenante du projet ?
« Les outils les plus utilisés dans notre cas, c’est la méthodologie et le guide de l’inventaire réemploi, que nous avons utilisés sur les 3 projets. En général, le CSTC présentait la méthodologie, et sur place, le template d’inventaire était utilisé et rempli lorsque nous parcourions le chantier. Le projet Petite Ile/City Gate II, c’est le bureau d’architectes qui s’en chargeait, ils ont réalisé sur base de l’inventaire FCRBE, leur propre format d’inventaire graphique. Pour le projet Belgrade, c’est le maître d’ouvrage qui a mis la main à la pâte et pour finir, le cas particulier de KeyWest, c’est l’entreprise de construction du groupe BPI, donc le groupe d’entreprises CFE, qui a réalisé l’inventaire. »
Des retours sur leur utilisation ?
« Le constat que nous avons tiré de ces projets quant à l’utilisation des outils développés dans le cadre du projet FCRBE est que l’utilisation sur site n’est parfois pas évidente et requière des outils électroniques adaptés. Nous constatons cependant, que le template de l’inventaire est un outil de base, qui donne une méthodologie et les informations auxquelles penser lors d’un inventaire, et qui est adaptable au projet en question. »
Quelques informations ou des constats à tirer de cette expérience du terrain ?
« En plus du constat réalisé sur l’utilisation de certains outils, je souligne également, au niveau de la concordance de temps, le projet s’étendant sur 2 ans, les projets pilotes sur plus d’années, le suivi et le rôle des partenaires impliqués dans les pilotes sera poursuivi au-delà de ces deux années. D’une part dans la continuité du projet matérialisé sous la forme du Call for Capitalisation, et d’autre part, sous le rôle de facilitateur que la CCBC incarne habituellement. Nous continuerons à exercer ce rôle et nous suivrons de près les projets et leur(s) démarche(s) en réemploi pour le faciliter au mieux et s’assurer qu’elle ne meurt pas. »
Une anecdote ? Un projet dont tu veux nous parler plus précisément ?
« Pour le projet Petite Ile/City Gate II, alors que la démarche avait été initiée, des délais administratifs imprévus ont mis en péril l’idée d’extraire des matériaux pour les mettre à disposition du réemploi par souci de manque de temps. Une réunion a alors été provoquée avec les autres acteurs impliqués dans l’ouvrage ainsi que les partenaires FCRBE, inquiets de ne pas voir le projet se concrétiser, et les architectes se sont portés volontaires pour prendre en main la partie d’inventorisation des matériaux. Le bureau d’architectes
Vous désirez en savoir plus à propos des projets pilotes entrepris par la Belgique, la France et l’Angleterre dans le cadre du Projet Interreg FCRBE ?
Allez à cette page pour découvrir un aperçu de chaque projet pilote. Pour chaque projet pilote, vous pouvez télécharger une fiche d’information (rapport pilote) qui documente l’opération individuellement.
Auteur de l’article : Confédération Construction Bruxelles-Capitale