Portrait du mois : Mathilde et la chemise de son grand-père

 

Mathilde Billet ©Embuild.brussels

Aujourd’hui, on vous présente Mathilde Billet, spécialiste en économie circulaire et consultante chez Bellastock en déconstruction et construction de bâtiments avec des matériaux de réemploi.

Pourquoi le secteur de la construction et surtout, pourquoi le secteur du réemploi ?

Avant de me spécialiser en réemploi des matériaux de construction et en économie circulaire j’ai exercé 7 ans en tant qu’architecte salariée et à mon compte.

7 ans durant lesquels j’ai découvert et appris les phases de projet du concours au chantier, de l’hôpital à la petite crèche.

Plusieurs fois, j’ai été frappée par l’absurdité constructive de certains projets, la démolition sans sommation de certains bâtiments ou encore le côté “hors sol” de l’architecture. Jusqu’au jour où s’en était trop, ça n’avait plus de sens, je n’étais plus d’accord avec l’acte de bâtir tel que je le pratiquais. J’ai rencontré Bellastock en 2015 au travers d’une collaboration pour le projet REPAR II, suite à quoi, en 2016, j’ai intégré l’équipe à temps plein en tant que coordinatrice réemploi. Les études, la recherche empirique telle que nous la pratiquions, la mise en place de nouvelles méthodes, la transmission… j’avais trouvé là un métier qui m’emballait totalement.

 

Qu’est-ce qui te passionne dans ton travail ?

Depuis que j’ai choisi de me consacrer exclusivement au développement et au déploiement de ces pratiques sur le territoire Français, je ne vois aucune ombre au tableau.

Tout n’est qu’évidence, bon sens, et même plus… joie ! Joie d’agir, de faire autrement avec moins mais mieux, de faire local, en coopération, d’être agile et de repenser nos manières de travailler. Ce qui me passionne le plus je crois, c’est de défricher, puis d’accompagner le changement des pratiques auprès de toute la filière d’acteurs : initier, aider, former, et convaincre de nouveaux adeptes.

 

Quel objet as-tu choisi ?

J’ai choisi la chemise de mon défunt grand-père. A cette époque on fabriquait avec de beaux cotons en France, 50 ans après elle est intacte. Porter ce vêtement, c’est à la fois sentimental, engageant et esthétique.

Les matériaux de construction réemployés racontent eux aussi une histoire, appellent une économie régénérative et induisent une nouvelle manière de penser l’architecture de nos villes, avec le “déjà là”.

 

Interview menée par Delhie Morbée

Septembre 2023