Adèle Vanhecke ©Embuild.brussels
Pourquoi le secteur de la construction et surtout, pourquoi le secteur du réemploi ?
Architecte HMONP, j’ai travaillé pendant 7 ans dans différentes structures, du bureau d’études pluridisciplinaire à l’agence d’architecture, m’offrant un point de vue transversal sur les pratiques et enjeux du secteur du bâtiment et de la construction. J’ai également observé avec intérêt le positionnement de collectifs tels que Bellastock, Rotor ou Encore Heureux, qui ont largement contribué à faire émerger et diffuser de nouvelles façons de concevoir et (dé)construire. Des rencontres et expériences marquantes ont aussi guidé mon choix de défendre une pratique de l’architecture plus désirable et en cohérence avec les ressources matérielles et humaines de son territoire. Le réemploi est, par essence, un des piliers de cette approche et en 2021 j’ai rejoint Backacia, structure créée en 2017 et pionnière du réemploi.
Qu’est-ce qui vous passionne dans votre travail ?
Le secteur du bâtiment est un écosystème mouvant où se croisent à différents niveaux les personnes et les compétences. Bien que la réglementation ne soit pas encore à mon sens suffisamment coercitive sur les sujets d’économie circulaire, nous prenons progressivement conscience de notre impact et des limites du monde fini dans lequel nous évoluons. La préservation des ressources, matériaux et matières et le “faire avec ce qui est déjà là” sont des enjeux qui prennent de l’ampleur face aux considérations économiques usuelles, et font sens. Voir évoluer nos métiers et faire partie de ceux qui impulsent et accompagnent ces changements au quotidien est très stimulant !
Pourquoi avez-vous choisi cet objet ?
Avant tout parce que c’est un très bel objet ! Cette brique pleine jaune se démarque par sa couleur, due à une argile riche en calcaire, et par son motif en strilles sur lequel est resté scellé un morceau de mortier ciment. Elle provient des gravats de démolition du bâtiment Chaufferie, sur le site de l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul. Elle est à la fois témoin d’un ouvrage aujourd’hui disparu et un marqueur temporel de la fin des Grands voisins. La fin de l’occupation temporaire du lieu a laissé place au chantier de l’écoquartier, qui s’inscrit lui aussi dans une démarche de préservation avec la réhabilitation de 60% des bâtiments de l’ancien site hospitalier.
Interview menée par Delhie Morbée
Septembre 2023